Un vent de changement souffle sur le paysage de l'automobile en Europe. Alors que Bruxelles avait promis de mettre fin aux ventes de voitures à moteur thermique d'ici 2035, l'Allemagne, pilier incontestable de l'industrie automobile, s'engage dans une direction tout à fait opposée. Ce retournement de situation soulève d'importantes questions sur la viabilité des ambitions écologiques du vieux continent.

Une volte-face inattendue : L'Allemagne et les moteurs thermiques

La décision du chancelier allemand, Friedrich Merz, d'attaquer frontalement l'interdiction des moteurs thermiques a de quoi surprendre. Ce dernier plaide pour une dérogation, notamment pour les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (EREV), une technologie hybride qui pourrait potentiellement bousculer les plans de décarbonation.

Technologie EREV : Une énième promesse de mobilité durable ?

Les EREV, ou véhicules électriques à prolongateur d’autonomie, se distinguent des hybrides classiques par leur fonctionnement unique. Ils utilisent un moteur électrique principal, complété par un petit moteur thermique prenant le relais lorsque la batterie est presque à plat. Actuellement, seuls deux modèles figurent sur le marché européen :

• 🚗 Mazda MX-30 R-EV : Le premier modèle en Europe avec un moteur rotatif.
• 🚙 Leapmotor C10 : Un SUV chinois offrant une belle autonomie électrique.

Malgré cet enthousiasme pour l'EREV, des doutes persistent. Selon l'organisation Transport & Environment, ces véhicules consomment en moyenne 6,7 litres d’essence aux 100 km, un rendement similaire à celui de certains SUV traditionnels. Une contradiction qui remet en question l'engagement vers une transition énergétique.

Un débat qui dépasse les frontières

Cet échange entre l'Allemagne et Bruxelles ne concerne pas seulement les choix technologiques. Lucien Mathieu, expert en automobile, évoque un risque de dépendance technologique accrue, notamment vis-à-vis de la Chine, leader sur le marché des EREV avec une offre pléthorique. Ce dilemme soulève une question cruciale : les constructeurs allemands comme Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW et Audi veulent-ils réellement se détourner des moteurs thermiques, ou continuent-ils d'aspirer à un équilibre entre tradition et innovation ?

Pression des lobbies : Quel impact sur la régulation ?

Les lobbies automobiles, tels que l'Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), plaident pour un assouplissement des règles de décarbonation. En intégrant des biocarburants et des carburants de synthèse dans les calculs d'émissions, ils espèrent atténuer les contraintes réglementaires. Les conséquences de telles décisions seraient cruciales pour la transition énergétique :

• ⚡️ Réduction de moitié des ventes de voitures électriques d'ici 2035.
• 📉 Part de marché électrique diminuée à 52 %.
• 🚨 Affaiblissement des normes de CO2 en vigueur.

Bastien Gebel, responsable chez Transport & Environment, met en avant le risque d'un désastre imminent si ces demandes gouvernementales sont satisfaites. Ce débat, bien plus qu’une question technique, reflète les défis qui assaillent l'industrie automobile européenne face à une concurrence toujours plus féroce.

Avec cette position, l'Allemagne se trouve à un carrefour. Les acteurs majeurs de l’industrie, comme Porsche, Ford, Opel, Bosch, et Continental doivent naviguer entre des choix technologiques audacieux et une tradition profondément ancrée. La route à suivre est incertaine, mais clairement, la discussion actuelle est essentielle pour le futur de l'écosystème automobile en Europe.

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